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Le Journal de Gnafron
12 septembre 2004

Les zélections sénatoriales

De sièges en fauteuils…

La grande affaire politique de la Rentrée (comme disent ceusses qu’ont pu bénéficier des congés payés) c’est une élection qu’on est prié de ne pas s’en mêler. Maginez-vous que le 26 septembre, les Grands Zélecteurs du Rhône désigneront sept sénateurs qu’iront siéger neuf années d’affilée parmi les assis du Palais du Luxembourg.

Les Grands Zélecteurs, que sont pas plus grands que vous et moi, y sont tous des élus ou des copains des élus. C’est vous dire que c’te affaire là, elle est à la démocratie ce que le hamburger est à la gastronomie. N’empêche ! y zéliront des gensses que feront la loi à égalité acque les députés de l’Assemblée nationale. Ca n’est quand même pas de rien. Eh ben nous, on n’aura pas not’ mot à dire sur cette désignation que ressemble tout à fait à du copinage, ou, comme dit le petit Robert Larousse, à une cooptation.

Et qui donc qu’y vont élire, ces zélés zélecteurs ? Je vous le donne en mille !… ceux-là même qui les ont nommés Grands zélecteurs, c’est à dire des gensses qu’ont déjà plein de mandats de la République. Et comme cette élection, elle est à la proportionnelle, la droite et la gauche se partageront, sans trop se chamailler, les fauteuils de velours. Quatre pour les uns et trois pour les autres ; à moins que ça soye l’inverse.

Ca me rappelle une phrase de Manuel Vasquez Montalban, cet écrivain catalan qu’aurait mérité d’être de Lyon et qui, même s’il parlait une langue étrangère d’un autre pays, avait à coup sûr sa place à l’Académie des Pierres Plantées, une assemblée autrement plus canante que le cénacle des assis du Luxembourg. Ce Montalban, il a créé Pepe Carvalho, un sacré bougre de détective, et écrit tout plein de romans dans lesquels il parvient toujours à placer une recette de cuisine que vous met les papilles en émoi. Comme par exemple le tartare de poisson : vous faites macérer des filets de loup dans de l’huile d’olive, du sel et du poivre vert ; vous préparez un hachis avec des oursins, des palourdes et des gambas…

- Eh, Gnafron, t’écris un livre de cuisine ?

        - Hein ? qui c’est-y-qui m’apostrophe ? Ah, c’est toi Guignol ! je t’avais point entendu venir. Mais non, j’écris pas des recettes, je fesais mon édito.

        - Ben mon belin, te velà bien sérieux ! Et de quoi y parle ton édito ?

        - Des cumulards et des zélections sénatoriales.

        - T’es sûr ?… je crois bien que t’étais en train de causer de hachis de fruits de mer…

        - T’as raison Chignole, je m’égare… où est-ce donc que j’en étais ? Ah, oui ! les ceuces que vont être appelés, et même élus, au Sénat, y sont déjà pleins des mandats de la République et des argents que vont avec. Même que ça me fesait souvenance d’une phrase de Montalban… La liste que se prétend de gauche, elle a à sa tête le Gégé merdelion qu’est déjà parsident de la Communauté urbaine de Lyon en plus de s’asseoir dans le fauteuil de la mairie ; en deuxième y a une dame Demontès, qu’est déjà vice-parsidente de la Région Rhône Alpes et adjointe à la députée-maire de St Priest. A droite, c’est du pareil au même. Y a cette grande couenne de Michel Mercier, qui porte un nom d’actrice de cinéma alors qu’y ressemble au charcutier de Thizy, et qu’est parsident du Conseil général du Rhône. Et pis y a le Perben qu’est tout à la fois Premier vice-parsident du Conseil général, ministre de la Justice et Garde des Sots, alors que ça, ça devrait être un boulot à temps complet, vu le nombre de nigodèmes qu’on croise par les temps qui courent.

       - Eh ben, grande bugne, c’est-y que tu découvres le monde ? Tu sais pas encore que ceuces qu’ont un siège, y z’ont rien de plus pressé que d’avoir un fauteuil et que, par après, s’y peuvent en agraper un de plus, y restent pas longtemps à barguigner. Tant plus y z’en ont, tant plus y z’en veulent. Faut croire que ces fonctions là, ça leur crée moins d’embiernes que de contentement. Tiens, par exemple, apinche le Buna, qu’est devenu Vert tant il a mis de rage à acuchonner les titres et les escalins, il est adjoint au merdelion et pis aussi vice-parsident de la Communauté urbaine et pis encore conseiller général. En plus, y voulait faire député de la Croix Rousse, mais le petit Hamelin lui a pris la place. Ou bien encore le Vonvon Deschamps, le mari à la Martine Roure qu’est dépitée européenne et adjointe au Gégé, le Vonvon, donc, il est aussi adjoint aux phynances du merdelion, parsident des HLM du Grand Lyon et conseiller régional à Charbonnières. En veux-tu encore ? Le Braillard, du parti des radicaux de gauche, que compte plus d’indemnités que d’électeurs, il est adjoint aux sports du Gégé, conseiller de la Communauté et vice-parsident de la région… Y en encore un cuchon d’autres tout pareils… mais t’as pas dit quelle était cette phrase que te fesait souvenance.

       - T’as encore raison Guignol. Tu sais, le Montalban, y disait aussi que les livres ça servait aussi bien à allumer la cheminée, et je me demande si mon édito je ferais pas mieux d’en faire du combustible pour mon poêle. C’est pour le coup que ça serait un vrai brûlot…

       - Gnafron ! te veux pas la dire cette citation, que te tournes toujours autour ?

       - Ah mais si ! velà, le Montalban il a écrit dans Le pianiste et pis aussi dans La joyeuse bande d’Atzavara : « La politique c’est pour ceux qui en vivent ; tandis qu’une poignée d’hommes étaient prêts à mourir pour des idéaux qui impliquaient l’ensemble du genre humain. »

       - Ecoute Gnafron, ton édito te vas l’envoyer à Lyon Capitale que sûrement le publiera pas parce que ça pourrait faire peine au Gégé et à ses frangins de la rue Garibaldi qu’ont décidé que la politique c’était affaire trop sérieuse pour la laisser aux citoyens, et pis nous on va aller faire un tour à la vogue de la Croix Rousse. On va se prendre un cornet de marrons acque un pichet de vin blanc doux et pis on fera un tour de grande roue. A l’arrivée on s’ra pas plus haut qu’on était au départ, mais, au moins, on aura vu la ville d’en haut sans devoir rien à personne et sans avoir berné quiconque.

       - Dis donc, Guignol, et si on prendrait un pot de Côtes en place du vin blanc doux ? … à cause que mes boyes s’acclimatent pas au vin nouveau, alors que le rouge me réjouit de la trogne aux arpions.

Gnafron
Septembre 2004

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