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Le Journal de Gnafron
27 septembre 2004

Le Référendum

Qui ne dit pas Oui, n’est pas Lyonnais !

     Petêtre que c’est la vieillonge que me fait déjà le cerveau comme le fromage blanc du père Lacombe… ou petêtre que c’est le Côtes du Rhône que m’a pris en traître… En tout cas, quéqu’en soit la cause, le résultat est que j’ai rien compris aux explications du Fabius sur la constitution européenne et moins encore le débat que s’en est suivi.
    
Pourtant, jeudi darnier, je m’étais bien installé, acque mon plateau repas, devant le téléviseur, à l’heure des actualités. C’est pas souvent que j’arreluque le spectacle télévisuel, mais la rumeur courait que le Fabius il allait dire non à la constitution concoctée sous les hospices de Giscard (je sais, y vaudrait mieux écrire « auspices » ; mais au cas présent que s’agit, y me semble que « hospices » est mieux approprié). Quand même, j’y croyais pas trop que le Fabius y soit pour le Non. Surtout que le merdelion il avait fait savoir partout, urbi et orbi, qu’y fallait dire Oui et même qu’il a créé, à l’esqueprès, un club de supporters : « Qui ne dit pas Oui, n’est pas lyonnais ! » Et, comme j’ai pour le merdelion une dévotion que n’a d’égal que l’admiration et le respect qu’y me porte, je voulais vraiment voir si, le Fafa, il aurait l’insolence de contredire le Gégé ; ce que, tout le monde le sait à Lyon, y faut jamais faire.
    
D’abord j’avais cru que le Fabius il était l’invité du jornal télévisé et qu’y causerait avant les informations du soir de France 2. Mais vouat ! je t’en fiche ! les jornalistes (Jean-Olivier y me dit que, maintenant que j’écris dans Lyon Capitale, je peux les appeler mes confrères ; à condition que ça soye en un seul mot ; mais j’y arrive pas spontanément) les jornalistes, donc, y nous ont par d’abord déroulé toute une série d’informations que me semblaient pas de la plus haute importance. C’était si tellement long que j’ai eu le temps de finir mon frichti et de m’ouvrir une seconde bouteille de Côtes.
    
Par enfin, velà qu’apparaît le Fabius. D’entrée, y nous avertit qu’il est pour l’Europe et que d’ailleurs il avait fait voter pour Maastricht et que même c’était grâce à lui si l’Espagne et le Portugal étaient rentrés dans l’Union ; mais que, quand même, il était temps de faire l’Europe sociale et de mettre fin à la dérive libérale que menace l’Europe acque les délocalisations, la faiblesse des crédits de l’éducation et de la recherche et la casse des services publics. Jusque là, je suivais, tout en trouvant que, s’agissant du libéralisme, le Fafa, il en connaissait un rayon. Je me disais aussi, en moi-même, que c’était bien dommage que le merdelion il n’y ait pas pensé à dire stop à la dérive libérale, parce que, pour un socialisse, vouloir une Europe plus sociale, c’est plutôt une idée que me semble bonne. Et pis, par tout à coup, sur ces entrefaites, j’entends le Fabius qu’explique que pour qu’il soutienne le Oui, y faudrait que le parsident de la République y s’engage à combattre les dérives libérales. C’est à ce moment là que j’ai cessé de comprendre. Parce qu’imaginer le Chirac en train de remuer ciel et terre pour que l’Europe elle soye plus sociale, c’est quand même plus improbable que la semaine des quatre jeudis. Je m’en suis donc allé me coucher en me disant que petêtre je comprendrais mieux acque les commentaires des commentateurs exégètes spécialistes, que d’habitude nous expliquent, le lendemain, ce que nos hommes politiques y z’ont voulu dire la veille.
    
Manquablement, le vendredi, aux informations de France-Inter, un « journaliste politique » s’en est venu spécialement pour nous dire ce qu’y fallait en penser. Le velà que nous commente l’événement, patiemment, mais quand même en faisant bien sentir qu’il n’a pas que ça à faire que de passer son temps à expliquer à des nigodèmes des évidences qu’ils auraient dû comprendre, par eux-mêmes tout seuls, depuis longtemps. Mais comme y s’est levé du bon pied, y veut bien nous expliquer un peu et y dit, comme ça, qu’en choisissant le camp du Non, le Fabius y s’est pris toute l’Intelligentsia à rebrousse-poil. Y dit ça avec un ton qu’on comprend tout de suite que c’est vraiment une chose à pas faire, quéquechose comme la gaffe du siècle. Au premier ras-bord, ça m’a bien fait plaisir pour le merdelion, pisque ça prouve bien que, lui, il en fait partie de l’Intelligentsia, vu qu’y dit partout qu’y faut dire Oui. Mais, par après, à la réflexion, ça m’a fait comme une impression bizarre. De fil en aiguille, j’en suis venu à me demander qu’est-ce que ça pouvait bien être cette Intelligentsia qu’avait décidé que fallait dire Oui et qu’y avait pas à tortiller et que c’était comme ça et pas le contraire… Et plus je réfléchissais et plus y me venait des idées saugrenues. Et velà-t-y pas que j’en suis arrivé à penser, dans mon fort intérieur, que cette Intelligentsia, ce pourrait bien être quéquechose comme ce que les soviétiques y z’appelaient la Nomenklatura ; de ces gensses qui croient que lorsque le peuple il n’est pas d’accord avec le soviet suprême, y faut d’urgence dissoudre le peuple…
     Alors là, je me suis dit que le mieux que j’avais à faire s’était d’aller lentibarner sur le boulevard pour voir si la Vogue elle était enfin installée et si, des fois, les vendeurs de marrons y voudraient pas me faire crédit, attendu qu’en ce moment je manque de monnaie, en plus que j’ai pas de grosses pièces…
     Et gare à eux si y z’osent dire Non !

Gnafron
Septembre 2004

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